Chaque année, vers le mois de mai les femmes participent collectivement à la décoration murale de cases. Celle dont la case sera décoré fait appel aux autres femmes et devra durant les travaux leur donner à boire et à manger. C'est en principe la plus âgée qui dirige les travaux, définit la décoration et les motifs. Ceci a un coût et l'association de Tiébélé est là pour aider aux travaux.
En une journée il faut préparer les surfaces, fabriquer les différents enduits et peintures, rassembler le matériel, appliquer et effectuer les lissages à la main ou avec un outil (galet, plume, balai..) selon la finition recherchée.
Traditionnellement le mur neuf est humidifié, puis une 1ère couche d'enduit est posée (mélange terre-bouse). Ensuite le mur est aspergé d'un mélange très liquide (eau-bouse) et le lissage fait à la main ou avec un large caillou poli. Le décor sera enfin posé sur l'enduit humide, que ce soit la peinture à main levée avec une plume d'oiseau, des gravures, des incisions à l'aide du galet ou des reliefs (faits avec de la terre).
En rénovation, il y a décapage des couches anciennes des enduits, colmatage des brèches avant de remettre de nouveaux enduits de supports. Cette méthode est la plus utilisé car les restaurations ne donnent pas un joli résultat.
Traditionnellement les matériaux utilisés sont :
- La latérite, terre rouge prise au sommet des buttes pour le rouge et l'ocre.
- L'argile boueuse, terre collante (dora) prise dans les bas-fonds pour les grisâtre, clair ou oxydé.
- Le graphite (knadoé zon) extrait en pays Nankara et vendu en boulettes. Il sert à faire le noir.
- Le kaolin (kandoé pongo) frotté sur l'enduit mi-sec donne le blanc.
- La bouse de vache (nabéo) fraîche ou sèche mise à trempée dans des jarres.
- La bouse de vache (nabéo) fraîche ou sèche mise à trempée dans des jarres.
- Le gluant issu de décoctions de tiges de gombo pilées.
- Les cendres (tintormé)
- et les décoctions de cosses de néré (kiporo). Le mur est aspergé d'un décoction chaude pour fixer les matériaux.
Plus récemment sont arrivés le goudron (kotal) et le pétrole. Le blanc est toujours du kaolin, mais le noir est du goudron apposé à l'aide d'une éponge. Toute la surface du mur extérieure est recouverte.
Les motifs de forme simples ont toujours une signification. De gauche à droite :
∇ Le triangle double "Zimbora" représente un morceau de calebasse, ustensile le plus utilisé par les femmes. La calebasse joue aussi un rôle spirituel dans les rituels funèbres, d'accueil ou durant les sacrifices.
❖ Le "Bora" filet du pêcheur. La pêche est une activité qui a sauvé les Kassena lors des grandes famines. Autrefois il fallait partir au Ghana à plus de 18 km, mais de nos jours il existe des retenues d'eau faites par les canadiens.
〻Si une jeune fille casse une calebasse on lui prédit 7 ans de malheurs donc il faut bien les superposer, les protéger dans du macramé.
✳ Ce symbole représente les cicatrices faciales. Il y a/avait beaucoup d'asthmatiques et si un enfant perdait sa respiration on le menait dans la famille du guérisseur qui scarifiait le visage et mettait dedans de la poudre noire pour soigner. Très différents des marques qu'ont les Mossi qui leur servaient de "carte d'identité".
V Le carquois. Dès 25 ans le jeune adulte est initié à l'art des flèches. La rouge est tribale et la noire représente celles empoisonnées avec des plantes sauvages et de la peau de crapaud.
Le zig zag : "Cicera vona" l'aile de chauve-souris est un porte bonheur. Une maison sans est considérée comme hantée.
ᴡ C'est l'épervier que l'on chasse des villages car mangeur de poussins.
Les dessins peuvent être en relief. De gauche à droite :
Y Ce genre de triangle représente le cache-sexe dont été autrefois revétu le mort (chez les animistes).
ᔓ "Boa di" le serpent est un totem kassena. Beaucoup de personnes portent son nom Adi (homme) Kadi (femme). Il représente la grand-mère qui revient veiller sur la maison. La légende dit que le serpent entre, et que le bébé tète sa queue et ne pleure plus. Pour qu'il reparte est versé sur le sol de la poudre de sel de combo séché et du beurre de karité.
La tortue est sacrée et souvent représentée sur les murs de même que le lézard (Baléga). Ce dernier est signe de vie et le premier visiteur d'une maison. Le propriétaire attend le lézard et s'il fait des pompes alors c'est une bonne maison.Le tambour est de toutes les fêtes, de tous les événements. Autre instrument souvent présent est la flûte jouée lors des enterrements pour ouvrir les oreilles du mort.
⼘ "Na kéga" la cane représente l'autorité et rappel que sans aide les vieux et les handicapés ne pourraient survivre. C'est la 3 ème jambe.
Le coquillage a pendant très longtemps servi de monnaie d'échange. Il n'est plus ramassé dans la nature car il sert aux rituels et le toucher apporterai le malheur sur soi ou sa famille.
Les empreintes sont celles du lion (2 griffes) ou de la panthère (3 griffes) animaux sacrés.
Pour l'implantation d'une maison ou case, ce sont les personnes âgées qui donnent leur avis sur l'endroit où construire. Le 'propriétaire' achète alors une boule de karité à 25 f cfa et la pose à l'endroit désigné. Si celle-ci fond alors c'est bon pour construire.
Pfiou, que d'infos, que d'infos, merci Matthieu, cette visite fut fort intéressante !
16/03/2013 Cour Royale de Tiébélé
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